Plainte après la fermeture d'un service d'oncologie pédiatrique à Garches
Les parents de malades estiment que les soins prévus pour leurs enfants ne pourront plus être assurés de façon adéquate, malgré le transfert des activités du service dans un autre établissement.
Une plainte contre X a été déposée à Nanterre pour «délaissement» par des parents d’enfants atteints de cancer qui dénoncent la fermeture de l’unité d’oncologie pédiatrique de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine). Ce petit service, en manque d’effectifs, va être fermé après le départ à la retraite, prévu en juillet, de la pédiatre et cancérologue Nicole Delépine, qui le dirige depuis 2004.
«L’équipe de Garches n’est pas suffisante et aucun candidat ne peut actuellement remplacer Mme Delépine», a expliqué mercredi à l’AFP le pédiatre Bertand Chevallier, chef du pôle pédiatrique des hôpitaux Île-de-France Ouest. «Les familles des malades qui le souhaiteront se verront proposer un transfert de leur enfant dans le service de pédiatrie de l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt», ajoute-t-il.
La fermeture de l’unité a provoqué la colère de parents regroupés au sein de l’association Ametist, à l’origine de la plainte déposée mardi devant le tribunal de grande instance de Nanterre. «Les méthodes spécifiques pour soigner les malades à Garches ne seront pas mises en pratique à Boulogne. Nous voulons simplement pouvoir choisir la médecine utilisée pour soigner nos enfants», souligne Raymonde Guignard chez Ametist. L’unité de Nicole Delépine se veut en effet «unique en France». Elle privilégie notamment des traitements individualisés pour chaque malade par rapport à des protocoles standardisés.
«Dans les autres centres d’oncologie pédiatrique, les médecins dispensent leurs soins selon des protocoles codifiés élaborés par un organisme national», la société française de lutte contre les cancers et leucémies de l’enfant et de l’adolescent (SFCE), relève Nicole Delépine. «Le patient se transforme souvent en cobaye. On lui fait passer des essais thérapeutiques alors que dans certains cas on sait parfaitement comment le guérir», estime-t-elle.
De son côté, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) rappelle que les pratiques du Docteur Delépine font «l’objet de controverses depuis plusieurs années». Les traitements n’ont «jamais été soumis à une évaluation par les pairs» avant leur mise en place, souligne l’établissement public dans un communiqué. Autre interrogation pour l’AP-HP, les résultats annoncés par l’équipe ne sont «pas étayés». Nicole Delépine revendique un taux de guérison «de plus de 80% des patients atteints d’un cancer des os».
Malgré la controverse, l’AP-HP s’est engagée «à ce que les enfants qui ont démarré un traitement particulier à Garches le poursuivent. Pour les autres, tous les protocoles proposés se feront avec l’accord des familles», assure Bertand Chevallier.
Le service du docteur Delépine a accueilli une quarantaine d’enfants et d’adolescents en 2013, selon l’AP-HP. On y soigne principalement des cancers des os, du système nerveux et musculaires, des tumeurs cérébrales.