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Conférence de Presse du 6 Juin 2002

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« Il paraît que le cancer


 s’arrête au mois d’août ! »



Compte-rendu de la Conférence de presse


Organisée par le Docteur Nicole Delepine


Le 06 juin 2002 à l’hôtel de ville de Bobigny 






- Contre la fermeture annoncée pour août


Du service d’Oncologie de l’enfant, de l’adolescent et de l’adulte jeune


à l’hôpital Avicenne de Bobigny


- Contre la fermeture de tous les services dans les hôpitaux






Brochure à l’intention de tous ceux qui veulent défendre le droit aux soins pour tous.


Conférence de presse de Nicole Delépine – 6 juin 2002 à Bobigny 




Nicole Delépine



Je suis très contente que vous soyez venus aussi nombreux, cela prouve une fois de plus l’attachement que vous montrez tous à ce petit service, cette petite unité.


Mesdames, Messieurs les parents, les patients, les journalistes, les élus, merci à tous ceux qui ont bien voulu se déplacer aujourd’hui, pour entendre parler de notre drame actuel.



Je veux dire d’emblée que ce n’est pas la proximité de l’échéance électorale qui fait que nous avons décidé cette conférence de presse aujourd’hui. Mais, il y a quelques jours, l’infirmier général est venu me voir pour me dire : “ je suis obligé de vous mettre au courant deux mois avant l’échéance, pour que vous puissiez prévoir, on sera probablement — et quasiment sûrement — obligé de fermer en août, parce qu’on n'a pas d’infirmière à mettre chez vous. Il y a zéro infirmière la nuit, zéro l’après-midi, une de temps en temps… on ne peut donc pas assurer la sécurité, et on sera donc obligés de fermer ”. Il a rajouté : “ bien sûr, si on me donne l’ordre de mettre des infirmières chez vous, je le ferai ”. J’ai pensé que c’était un appel à ce que je fasse quelque chose, et en tout cas, c’est comme cela que je l’ai traduit. Et je me suis dit que la meilleure façon de procéder était de faire appel à tout le monde, et de voir ce que l’on peut faire ensemble.


D’où cette conférence de presse aujourd’hui.



Depuis des mois maintenant — les personnels du service pourraient en témoigner avec moi, et les parents aussi — on est réduit officiellement à cinq patients (que voulez-vous faire avec cinq lits ?), pas plus de deux en hôpital de jour ; et de temps en temps, on a même une note nous intimant l’ordre de ne pas dépasser quatre patients.


Ce n’est donc pas une situation originale pour le mois d’août, c’est une situation qui depuis des mois, conduit à nous faire diminuer l’activité de façon drastique, avec un harcèlement incessant.



Chaque jour, quand un sixième patient arrive et qu’on demande son hospitalisation, on envoie l’enfant aux admissions, et alors commence le ballet téléphonique. Parfois, on négocie, on fait sortir un patient qui n’aurait pas dû sortir à ce moment : il y a donc une diminution évidente de la qualité des soins.


Quand l’enfant est vraiment refusé, je demande que soit signé un refus d’hospitalisation, et on verra bien. On fait pression sur le responsable, etc. En général, un quart d’heure après, on a l’admission.


Le directeur peut toujours dire qu’un malade n’est jamais refusé… mais il faut mener cette bagarre trois fois par jour, éventuellement à 23 heures, ou un samedi soir, etc.



Je suis complètement scandalisée de la désinvolture avec laquelle on nous dit qu’il faut fermer. Que va-t-on faire des patients ? C’est à nous de nous débrouiller, de les envoyer dans d’autres services, etc.



En 2000, j’ai publié un petit livre relatant toute l’histoire de notre service. Depuis des années, on essaie de nous faire fermer. A chaque fois est utilisé ce genre de procédé : en 1997, on avait eu des travaux pendant six mois, et au septième mois on nous a fait descendre dans un autre secteur, avec 8 lits seulement car il n’y avait pas de place, alors qu’on en avait quinze avant. Les parents s’étaient révoltés, c’est une des premières fois où la presse a été au courant, et c’est ce qui nous a finalement sauvés.


C’est l’habitude prise, de fermer des lits pour essayer de fermer complètement un service.



Ce qui nous inquiète encore beaucoup plus par rapport à cette fermeture, c’est qu’on sait bien que des services ferment, et ne réouvrent pas toujours. Au 1er septembre, on vous dit : on n’a pas encore vraiment d’infirmière, il faudrait attendre le 15 septembre, et du 15 septembre on passe au 30, etc. Un service peut ainsi être fermé un an.


L’année dernière à Avicenne, le service d’hématologie a été fermé, officiellement pour trois mois, et en fait ça a duré un an ; il vient d’ouvrir avec difficulté. Pour un hôpital qui se dit “ pôle d’hémato-cancérologie ”, le service d’hématologie a été fermé un an !



Quand j’ai écrit ce petit livre pour raconter notre histoire, j’ai reçu beaucoup de lettres, qui m’ont beaucoup émue. Des lettres qui venaient d’horizons très divers. Tout le monde est frappé par le cancer de l’enfant.


C’étaient des syndicalistes, des parents, des enfants, qui disaient : oui, vous avez raison, il faut continuer à faire une médecine “ artisanale ” et non industrielle, une médecine adaptée à chaque patient, humaine individualisée, tenant compte des réactions des tumeurs et ajustant les médicaments ou les doses en fonction du patient lui-même.



C’est une médecine difficile, parce qu’elle nécessite beaucoup de dosages, il faut être nombreux. Mais c’est une médecine qui paie, car quand on traite les patients comme cela, avec quasiment les mêmes moyens qu’une médecine non individualisée, on gagne au moins 10 à 20 % de guérisons supplémentaires. On ne veut pas d’une médecine statistique, où on ne voit que des résultats globaux.


J’ai ici le livre de Pierre Lacombe et Loïc Dufour (Enfants Cobayes – Cancer de l’enfant – Enquête sur les dérives d’un système. Editions Michalon – Mars 2002) qui ont été tellement sidérés par cette situation qu’ils ont fait une enquête très intéressante.



Chaque fois qu’on a pu discuter avec les décideurs, on nous a dit plus ou moins ouvertement que notre médecine est trop chère, on sent bien que ce qui est recherché, c’est la diminution des coûts.



On l’a encore vu hier soir : les médecins généralistes ont obtenu la consultation à 20 euros, mais il faut qu’en échange ils promettent de prescrire des génériques. Qu’est-ce que ça veut dire ? Quels génériques ? Vérifiés ou non ? C’est un chantage : on dit aux médecins qu’on les paie mieux, mais qu’ils ne doivent pas faire de la bonne médecine.



Il est clair que depuis cinq à huit ans, depuis qu’on a diminué la qualité des soins, en poussant les médecins à ne pas prescrire, on dépense toujours autant en soignant moins les malades, en ne faisant plus d’examens, en voyant les patients de plus en plus tard. Des gens ne sont pas opérés alors qui devraient l’être, parce que ça coûte cher. On leur dit  “ qu’il vaut mieux ne pas le faire s’ils n’ont pas beaucoup de chances de guérison ”, en fait, pour des raisons d’économies.


Ces raisons économiques, ne sont pas toujours avouées. L’administration nous oppose toujours un budget à ne pas dépasser, sous peine d’avoir plein d’ennuis. Tous les médecins hospitaliers connaissent cela, c’est la pression que l’on fait sur eux en permanence. Dans le secteur public, on n’est pas individuellement interdit de travail ou sanctionné financièrement, mais ces pressions existent partout.



Les restrictions budgétaires, les regroupements, on a tous vu ce que ça veut dire : à chaque fois qu’on regroupe deux services, on perd quinze ou vingt lits. J’ai vu dans un document du Comité national de Défense de l’Hôpital, qu’on a fermé environ 8000 lits cette année, et qu’on va encore en fermer 23 000 !


Cette fermeture de notre service s’inscrit bien dans une politique globale qui est d’arrêter de soigner beaucoup de gens à maladies aiguës et chères. On pourrait parler des lits de psychiatrie, tous menacés de fermeture très rapidement, et des patients mis à la porte.



Sans arrière pensée politique, je tiens à dire que les gouvernements de droite et de gauche, puis de gauche et de droite qui se sont succédés, ont tous cassé l’hôpital. Et je pense qu’il est important que l’on dise enfin à nos gouvernants : ce n’est pas cette politique que nous voulons.


D’autant plus que nous avons vu très récemment, que l’étiquette gauche-droite ne change pas grand-chose : les instituteurs qui manifestaient avant le 21 avril pour défendre les classes menacées de fermeture, se sont faits matraquer ; cette semaine, après le 21 avril, les médecins généralistes qui manifestaient à Bayonne se sont faits matraquer. Il faut arrêter ça ! Que fait-on là en France, dans un pays dit civilisé ?


J’ai entendu Jacques Chirac hier soir, dire qu’on a la meilleure médecine du monde. Je ne sais pas si c’est la meilleure, mais je sais que ce n’est plus vrai. Pour l’instant, on refuse les malades, on les met dehors en leur disant de se débrouiller, on les envoie mourir à domicile.



Je pense que le degré de civilisation d’une société se mesure en particulier au développement de son service public de santé :  en particulier l’accès aux soins de qualité pour tous. Autrefois, on se battait pour le pain et l’instruction, les deux premiers besoins du peuple, mais on est au XXIème siècle, et on ne s’en aperçoit pas vraiment au niveau de la santé, puisqu’on est en pleine régression.


Je refuse ne serait-ce que d’accepter l’idée de cette fermeture. Et il faut arrêter cette campagne de désinformation : nous dire à nous, le 31 mai, qu’on doit réduire les admissions et qu’il y aura fermeture en août, et ensuite affirmer partout qu’il n’y a aucun problème. Il faudrait au moins assumer ses décisions. Je n’ai pas encore de lettre du directeur me disant qu’il faut fermer, mais j’ai des lettres du directeur me disant qu’il ne faut pas plus de quatre lits. Et des relances toutes les semaines, nous accusant de n’avoir pas respecté cet ordre, parce que nous persistons, nous, à vouloir soigner les malades, comme notre serment d’Hippocrate nous demande de le faire.



Ce week-end, on a réfléchi entre collègues, pour décider de ce qu’on pourrait faire. J’ai pensé organiser cette conférence de presse, et je vous remercie de prouver par votre présence, que nous avons raison de croire qu’il faut défendre ce service. La deuxième chose que nous avons décidé de faire : nous adresser au ministre, à Monsieur Mattéi qui a déjà été contacté par un certain nombre de parents, et ne pourra pas dire qu’il n’est pas au courant qu’existe ce service d’oncologie pédiatrique un peu particulier, qui défend une certaine conception de la médecine à Avicenne. Je lui ai demandé un rendez-vous. Ce que je souhaiterais, c’est que nous fassions une petite délégation au ministère, pour expliquer que ce n’est pas une "parano" de ma part ; avec la présence des parents, d’hospitaliers. J’en profite pour vous présenter les représentants du Comité de Défense de l’Hôpital — Marie-Thérèse Cousin — et de l’Association de Défense de la Déontologie et des Droits des Malades, avec le professeur Guérin, une association de médecins, qui se battent pour essayer de sauver la médecine fidèle au serment d’Hippocrate (c’est d’ailleurs le nom du bulletin de cette Association).


Les parents se battent également depuis de nombreuses années. Je suis souvent réticente à ce qu’ils se mettent en avant, parce qu’à chaque fois qu’ils se manifestent, on m’accuse de les manipuler. Sous des formes qu’eux-mêmes décident, les parents se battent depuis longtemps, de même que plusieurs associations : le Soleil devant, Regarde l’avenir…


J’appelle tout le monde à venir lors de cette entrevue avec le Ministre.


J’ai reçu le soutien de syndicalistes, de médecins, de quelques partis politiques. Comme à chaque bataille, il y a toujours des gens de toutes couleurs politiques. Un Directeur des Hôpitaux me disait un jour que je “ ratissais large ”. Je ne ratisse rien du tout. J’ai des patients qui appellent au secours.



Je refuse évidemment que ferme mon propre service, mais je tiens à dire que cela s’intègre dans une politique générale, et je pense qu’il est important qu’on essaie de sauver tout ce qui peut encore l’être. J’ai fait partie d’un comité qui a fait des délégations et une manifestation pour sauver les centres de Sécurité sociale, qui sont fermés dans le département de Seine Saint-Denis ; 23 sur 47 ont été fermés, dans ce département dit “ pilote ”. On s’est élevés aussi contre les fermetures de classes, particulièrement les 74 classes de perfectionnement menacées en Seine Saint-Denis. Je soutiens aussi cela.


A Roissy un centre de travailleurs handicapés est également menacé de fermeture, avec le licenciement d’une centaine de travailleurs. Tout cela est le même combat : mon combat pour le service d’oncologie pédiatrique n’est pas un petit combat isolé pour quelques patients. C’est un grand combat pour la médecine, un combat majeur, un combat pour sauver les enfants malades, sauver les adultes, etc.


C’est un cri d’alarme pour dire : il faut que notre société reste une société civilisée.


Aujourd’hui, on ne sait rien : on ne sait pas le nom de l’infirmière qu’on va avoir dans la journée même, on ne sait pas si on en aura une, deux ou rien du tout. Comment voulez-vous organiser des soins dans ces conditions ? C’est du harcèlement pour qu’on craque. On a tous une limite, mais pour l’instant, on ne craque pas, on se bat.



Je m’en arrêterai là, et je suis prête à répondre à toutes les questions que vous voudriez poser, et bien sûr à entendre toutes les réflexions et tous les témoignages que vous pourriez apporter.




Professeur Guérin



Comme Nicole Delépine vous l’a dit, je suis président de l’Association Médicale de Défense de la Déontologie et des Droits des Malades. C’est en son nom que je vais intervenir.



Vous connaissez peut-être notre association, qui a été créée il y a douze ans, avec le professeur Milliez. Son but a toujours été de lutter contre tous les manques aux droits des malades, et de faire respecter au maximum le code de déontologie.


C’est un code qui impose certaines obligations aux médecins, et je vais en deux mots, vous en lire l’article essentiel, l’article 7 : “ le médecin doit soigner avec la même conscience toutes les personnes, quelle que soit leur origine, quel que soit leur handicap ou leur état de santé ; il doit leur apporter son secours en toutes circonstances ”. Cet article 7 impose à chaque médecin de devoir traiter tous les malades.


Or, il est bien évident que si on diminue le nombre de lits dans les hôpitaux, pour accueillir les malades, ou si on ferme pendant un mois ou plus, un service, cela veut dire qu’on va être obligé de refuser de traiter certains malades, c’est-à-dire de choisir entre les malades qu’on va traiter, et d’en refuser d’autres qu’on ne traitera pas.


Ces malades, pour ce qui concerne le service du Docteur Delépine, sont souvent des malades abandonnés par d’autres services parce que leur cas était trop avancé.


Cette nécessité de faire des choix est en contradiction absolue avec le code de déontologie. Il est évident que Nicole Delépine ne peut accepter une telle perspective.


Car refuser de traiter un malade suffisamment tôt et énergiquement, dans des conditions adéquates, c’est lui faire perdre des chances de guérison, et c’est accepter l’idée de sa mort. Une mort qui aurait pu être évitée, si on avait soigné suffisamment tôt et correctement les malades.



Comme Nicole Delépine l’a dit tout à l’heure, il est évident que ce refus de laisser ouvert son service pendant un mois, de diminuer le nombre de lits auxquels elle a droit, tout cela s’intègre dans un plan général qui sévit depuis une vingtaine d’années, quels que soient les gouvernements, qu’ils soient de droite ou de gauche, et qui correspond à cette fameuse maîtrise purement comptable des dépenses de santé. J’entendais hier que le gouvernement décidait désormais d’appeler cela une maîtrise “ médicalisée ”, mais c’est une maîtrise purement comptable. Et qui se traduit dans toute la France par une diminution considérable du nombre de lits d’hospitalisation.



Nicole Delépine parlait tout à l’heure des lits de psychiatrie qui doivent être fermés dans un proche avenir. Ce qui veut dire que les urgences vont être complètement saturées, parce qu’ils ne peuvent plus trouver des lits qui servent aux malades arrivés aux urgences, pour être hospitalisés véritablement, être traités. C’est vrai à Paris et dans la plupart des hôpitaux français, qu’ils soient hôpitaux généraux ou universitaires.


Il y a une diminution considérable des moyens. On a un retard énorme pour les scanners, les IRM, même les actes les plus courants.



Point extrêmement important, il y a une diminution considérable du nombre d’étudiants en médecine autorisés à faire leurs études de médecine.


Quelques chiffres : en 1972, 8500 étudiants en médecine étaient autorisés à poursuivre leurs études ; vingt ans plus tard, il n’y en avait plus que 3500. Le gouvernement a accepté de remonter peut-être à 4100 le nombre d’étudiants pour l’année en cours.


Or, pour maintenir le nombre de médecins des hôpitaux à son niveau actuel, il faudrait 7000 étudiants formés chaque année en médecine. Ce qui veut dire qu’il va y avoir une pénurie de médecins considérable dans les quinze ans qui viennent, et il est probable que 25% des médecins s’arrêtent d’ici quinze ans. Même problème, et peut-être encore plus grave : celui des internes, un élément fondamental dans le fonctionnement des hôpitaux.


Le nombre d’internes a diminué de moitié depuis vingt ans, ce qui veut dire que les hôpitaux ont de grandes difficultés à trouver des internes pour leur fonctionnement. Pour être hospitalier, il faut avoir fait l’internat, c’est un internat qualifiant.



Si le nombre d’internes diminue de moitié, cela veut dire que le nombre de spécialistes dans les prochaines années va également diminuer de moitié, et particulièrement dans certaines disciplines, celles que l’on dit sinistrées : anesthésie-réanimation, chirurgie, gynécologie, pédiatrie… Déjà en ophtalmologie, il y a des délais de rendez-vous de l’ordre de trois à six mois, ce qui veut dire que beaucoup de gens vont perdre la vue sans avoir pu consulter en temps utiles des médecins capables de les traiter correctement.


Pour défendre les malades menacés par ces décisions, nous avons créé l’AMDDM, mais aussi le Comité National de Défense de l’Hôpital, qui regroupe aujourd’hui quelques 500 médecins, énormément de chefs de services, qui essaient de maintenir un niveau acceptable de soins dans les hôpitaux. Nous avons demandé un rendez-vous avec Monsieur Mattéi, et j’ai appris hier que nous allions être reçus très prochainement.



En dernier point, je voudrais insister sur ce que fait Nicole Delépine qui est très différent de ce que font les autres hôpitaux en oncologie. Elle fait une médecine personnalisée, c’est-à-dire qui tient compte de l’état du malade, de sa réaction au traitement, modifie les doses en fonction des résultats, etc.



Et ce n’est absolument pas le cas dans beaucoup d’autres, sinon la totalité des services d’oncologie qui, eux, appliquent des protocoles de façon aveugle et par conséquent, ont des échecs que Nicole Delépine ne connaît pas, parce qu’elle traite ses malades de façon particulière, personnalisée.



Pour conclure, je pense qu’il faut que tous ici, nous exigions que soit maintenu le nombre de lits dont elle a besoin pour fonctionner correctement, que le service ne soit pas fermé, pour qu’elle puisse continuer à faire cette médecine personnalisée, avec un succès dont peuvent témoigner les adolescents ici présents.




Monsieur Castro, père d’une ancienne patiente, aujourd’hui adulte :



Je suis là pour défendre le travail du docteur Nicole Delépine, parce que c’est une humaniste, elle a une équipe qui s'est battue et qui se bat jusqu’à présent. Croyez-moi, ce n’est pas un cadeau qu’on lui fait d’être ici : c’est elle qui  nous fait un cadeau d’être parmi nous, et nous devons la soutenir au maximum de nos possibilités.


Cela fait 10 ans que ma fille s’en est sortie, grâce à cette équipe que je remercie de tout cœur.


C’est maintenant ou jamais qu’il faut se battre, il ne faut pas se laisser aller. Un grand chapeau à toute l’équipe et surtout au Pr Desbois et au Docteur Nicole Delepine.




Docteur Marie-Thérèse Cousin, CNDH (Comité de National de Défense de l’Hôpital) :



Je viens au nom du CNDH, c’est à dire le Comité de National de Défense de l’Hôpital. C’est un Comité qui s’est constitué il y a environ deux ans, et qui regroupe de nombreux médecins hospitaliers, aussi bien de la région parisienne, de l’Assistance Publique que de la Province et, comme on vous l’a dit tout à l’heure, la fermeture des lits, l’absence de lits d’aval dans les urgences, la diminution permanente de personnel, font que maintenant les hôpitaux et, en particulier, le service du Docteur Nicole Delépine, sont dans une spirale d’autant plus dangereuse que les conditions de travail sont de plus en plus pénibles et qu’elles aboutissent souvent à des démissions et ne favorisent pas le recrutement du personnel.



La situation qui est faite au Docteur Nicole Delépine n’est pas originale, malheureusement.



Ces difficultés auxquelles se heurtent ses jeunes patients vont aboutir à une perte de chance de survie et cela nous paraît caractéristique dans de nombreux hôpitaux.


Tout en faisant partie de ce Comité National, je fais partie également d’un collectif de défense des usagers de l’hôpital Mignot à Versailles, où nous sommes en train de nous battre pour bâtir la qualité de cet hôpital, et on nous annonce la fermeture de 250 lits pour le mois d’août (250 sur 530, c’est à dire la moitié), avec la crainte, comme vous l’avez dit, que ces lits ne soient pas rouverts au mois de septembre.



Les médecins sont responsables de soigner les malades. Ils ne peuvent accepter de faire des choix, choisir quel malade ne sera pas soigné. Qui d’ailleurs pourrait assumer une telle responsabilité indigne d’un pays civilisé ?


Si les discours officiels sur la priorité donnée dans notre pays aux traitements des cancers se multiplient, comment juger ces déclarations ?


Ne sont-elles pas en contradiction avec ce qu’on raconte aux enfants et aux adolescents atteints de cette terrible maladie que vous traitez dans votre unité ?



C’est pourquoi le CNDH est à vos côtés, Madame le Docteur Nicole Delépine, dans votre difficile combat. Le personnel nécessaire au bon fonctionnement de votre service et l’accueil aux soins des jeunes malades présents doivent vous être attribués.



Nous entendons bien que cela est difficile et qu’il n’y a plus d’infirmières, mais ce sont ceux-là même qui le déclarent, qui ont fermé les écoles et les centres d’handicapés, ce sont les mêmes qui ont fermé ces écoles, et qui font qu’il n’y a plus de personnel. Leur discours est inacceptable.



Je voudrais vous dire une chose : ils ne peuvent accepter de faire des choix, de choisir quel malade ne sera pas soigné.


Cela me renvoie à quelque chose qui a été dit il y a 50 ans par le Pr Lassen à Copenhague. Il s’agissait, à ce moment-là, de la plus terrible épidémie de poliomyélite qui se déclenchait et qui explosait au Danemark et Monsieur le Pr Lassen avait tout juste sept appareils pour traiter des malades et comme il le disait :  “ il nous a fallu trouver un moyen d’éviter la situation impossible pour nous, d’avoir à choisir quel malade traiter et quel malade ne pas traiter ”.


Alors si vous le voulez bien, je vais vous raconter la petite histoire de Copenhague C’est une grande histoire, puisque c’est la naissance de la réanimation.



Au plus fort de l’épidémie, il y a eu jusqu’à 320 patients par semaine, et quelque 50 malades par jour arrivaient, dont 1/10ème étaient en détresse respiratoire et pour lesquels il fallait une assistance. Le taux de mortalité était à ce moment-là de 94 %. Le Pr Lassen a fait appel à un anesthésiste (je suis moi-même anesthésiste et c’est pourquoi je suis un petit peu fière de l’appartenance à ce métier). Il a fait appel au Dr Ipsen, il lui a donné un cas à traiter selon ce que ce Docteur préconisait. Il s’agissait d’une jeune fille de 12 ans qui était mourante d’insuffisance respiratoire et le Dr Ipsen a fait ce qu’on faisait en salle d’opération, il a fait une trachéotomie, a pris un tube, il a pris un ballon et il s’est mis à “ballonner” cette enfant. En une heure ou deux, elle a commencé à émerger. Quand elle a été mieux, on l’a remise dans le poumon d’acier et là, sa situation s’est de nouveau aggravée, parce que c’est vrai que le poumon d’acier n’était quand même pas la solution de ce problème à l’époque.


A ce moment-là, (on l’a su après coup), la durée d’une insuffisance respiratoire était de 3 mois. Alors on l’a ressortie du poumon d’acier, on l’a « reballonnée » et ceci pendant 2 à 3 mois. On l’a « ballonnée » en permanence 24 h/24 et on a réquisitionné tous les anesthésistes de la ville.


Il n’y en avait pas dans l’hôpital où était le Pr Lassen, qui était un hôpital de médecine. Ensuite, comme arrivaient les malades, et au plus fort de l’épidémie (comme je vous l’ai dit, il y en avait 5 à 6 par jour qui nécessitaient ce traitement), on a fait appel aux étudiants et là, on a lancé un appel dans les journaux.


On a appelé les étudiants et les étudiants en médecine sont venus ; jusqu’à 1500 étudiants sont venus dans l’hôpital de maladies infectieuses pour assister et ventiler les malades. Pendant 5 mois, on a traité ces malades et on en a sauvé : la mortalité, à ce moment-là, a chuté à 25 %.



Il y avait en Suède, c’est à dire pas très loin de là, un ingénieur, qui avait fait un appareil qui s’appelle Angström. Il y avait un seul prototype en Suède, on l’a prêté donc à Copenhague pour assister un malade, pour éviter que tout le monde soit tout le temps debout jour et nuit auprès des malades, et ça a marché.


A ce moment-là, la Suède s’est dit “ l’épidémie nous menace aussi, il faut aider Copenhague ”. On s’est mis à sortir à une vitesse incroyable des machines pendant les mois qui ont suivi. L’épidémie s’est répandue dans toute l’Europe, on a fabriqué des machines à une vitesse comparable à celle de la guerre pour laquelle on sortait des bombardiers, et on a sauvé 80 % des malades. Ce que je voudrais dire, c’est que cette histoire est exemplaire parce qu’au départ, il y a une volonté médicale, ne pas accepter de “ choisir ” qui on traite et qui on ne traite pas.


Ensuite on fait appel à des pionniers, à des volontaires, et puis c’est relayé, à ce moment-là par une volonté politique. On va acheter des appareils à la Suède. Et puis, c’est aussi relayé par une volonté financière.



Il n’y a pas de raison d’accepter que nos malades meurent et donc, je crois que c’est un petit peu d’espoir pour nous, de se dire “ ça a existé ”. A ce moment-là, dans une Europe qui avait été dévastée par la 2ème guerre mondiale et qui s’en remettait très péniblement.


Tout cela  s’est passé dans cette Europe occidentale, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France, où on n’avait pas de moyens exceptionnels pour traiter les gens.



On n’avait pas des financements énormes, on avait, à ce moment-là tout de même, une Sécurité Sociale qui commençait à pouvoir donner des moyens au pays, je crois que c’est une leçon qu’il faut qu’on retienne.




Docteur Nicole Delepine :



Je remercie le Dr Cousin pour ce merveilleux témoignage qui nous donne un peu de force, parce que de temps en temps on en manque un peu. Avant de laisser la parole à d’autres personnes qui voudraient témoigner, je voudrais demander aux journalistes qui sont là s’ils ont des questions précises.


Je voudrais ajouter quelque chose qui me paraît grave : Le Directeur de l’hôpital m’a dit : “ effectivement, il faut choisir qui vous traitez, et commencer par refuser les étrangers et les provinciaux ”. N’est-ce pas une forme de  racisme, tant pour les étrangers que sur les provinciaux.



Vous imaginez bien que pour des maladies exceptionnelles — on soigne des patients pour les tumeurs solides de l’enfant (2000 cas par an en France) —, effectivement, ce ne sont pas les malades de Seine St Denis qui vont remplir les lits.




“ Avez-vous pensé à le faire attaquer par un mouvement anti-racisme ? ” 



Docteur Nicole Delepine :



Car il ne s’agit sans doute pas de cela. Par contre, Monsieur Turz, qui est le Directeur de l’Institut Gustave Roussy, m’a diffamée très gravement. Je l’ai attaqué pour diffamation, et le procès aura lieu publiquement les 12 et 13 septembre prochains. C’est une phase de l’offensive contre le service car nous ne devions pas exister.


Parmi les nombreux moyens pour nous empêcher d’exister, c’est de ne pas mettre d’infirmière, c’est de ne pas savoir si l’après-midi ou la nuit on aura quelqu’un, donc de ne plus pouvoir soigner les malades. C’est une volonté, effectivement de détruire une médecine libre et individualisée.


Si vous avez des questions, je vous écoute…




René Valentin 



Je suis membre du Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions Travail (CHSCT) de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) centrale et je suis intervenu rapidement pour l’équipe Delepine à Avicenne pour maintenir l’offre de soins de qualité.


Dès qu’on a reçu son courrier, nous avons réagi au niveau de l’AP instantanément car on a trouvé que le fait de diminuer le nombre de lits dans ce service — déjà très faible — est scandaleux pour ces jeunes patients qui sont traités par le Docteur Nicole Delépine. Alors nous sommes intervenus dans ce service, nous sommes allés la voir, nous avons vu le Directeur, nous avons vu le Président du Comité Consultatif Médical (CCM), nous avons discuté avec le personnel etc…


Je voudrais quand même dire que c’est vrai que nous sommes depuis quelques années (depuis 1991 exactement) dans une situation dramatique pour les hôpitaux et la santé en général.


Cela a commencé par la fermeture des écoles d'infirmières, qui se sont poursuivies jusqu’en 1997 environ. Ensuite, ils ont rajouté la mise en place des 35 h, qui a aggravé encore plus la situation. Je crois que depuis septembre 2000, il ne s’est pas passé une semaine où les infirmières n’allaient manifester dans la rue. Le parcours, elles le connaissent par cœur. Elles allaient manifester, pourquoi ? Contre l’ARTT qui a aggravé leurs conditions de travail, qui allait diminuer l’offre de soins, qui allait provoquer la fermeture des lits, et aujourd’hui on s’en aperçoit avec le cas de Madame Delépine.


Elle a bien raisonné tout à l’heure quand elle a dit “ on ferme pour le mois d’août et on n’est pas sûr qu’au mois de septembre, voire au mois d’octobre on ouvre ” ; ça, c’est clair.


   


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